Cette boutade mettait un
point final à une conférence de presse tenue vendredi en fin de
matinée, à Fluntern, sur les hauteurs zurichoises.
A vingt-quatre heures du coup d'envoi (20h15) du match Suisse-
Yougoslavie, le coach helvétique cherchait à détendre l'atmosphère,
à échapper aux spéculations oiseuses concernant la composition de
son «onze» de départ. Celui-ci ne sera connu qu'au dernier moment.
Kuhn peut-il laisser sur le banc le trio des plus prestigieux de
ses internationaux, soit Chapuisat, Sforza et Turkyilmaz ? Cette
question passionne les médias et elle n'est pas simple à résoudre.
On comprend pourquoi le coach prend son temps avant de formuler sa
réponse. En attaque, Frei et Hakan Yakin avaient parfaitement
répondu à son attente lors du match amical de Vienne contre
l'Autriche, il y a quinze jours. Sur le plan du jeu collectif, les
deux jeunes apportèrent un concours très apprécié de leurs
partenaires. Mais, ils l'ont prouvé par le passé, «Chappi» et
«Kubi» sont toujours capables de décider du sort d'un match par un
exploit personnel.
18 000 Suisses contre 10 000 Yougoslaves
Une seule chose est sûre, et le sélectionneur l'a rappelée avec
force: «Les Suisses et les Yougoslaves sont dans l'obligation de
vaincre s'ils veulent conserver une chance de qualification.
Spéculer sur un résultat nul n'est pas possible. Il nous faut
obtenir le soutien du public en démontrant dès le coup d'envoi
notre soif de victoire.» Au Parc Saint-Jacques, où l'on jouera à
guichets fermés avec plus de 28 000 entrées, les supporters
helvétiques détiendront la majorité. Pierre Benoît, chef de la
communication à l'ASF: «Il n'y aura pas plus de 10 000
Yougoslaves.»
A propos de Turkyilmaz le revenant, Kuhn donnait des
informations rassurantes: «Il vient de jouer cinq matches de suite
sans connaître la moindre alerte. Au cours des quatre jours
d'entraînement, il a montré qu'il avait retrouvé tous ses moyens.»
Ce constat ne lui assure pas cependant à coup sûr une
titularisation. Le suspense est entier. L'idée de former un duo
composé d'un jeune et d'un ancien est dans l'air. Aux Grasshoppers,
Chapuisat s'entendait fort bien avec Hakan Yakin. Au FC Lucerne,
associé à Turkyilmaz, Frei avait marqué 8 buts en 14 matches.
Quatre joueurs suisses ont déjà écopé d'un avertissement et sont
donc sous le menace d'une suspension s'ils prenaient un carton
jaune contre la Yougoslavie. Il s'agit de Chapuisat, Zellweger,
Henchoz et Frei. L'équipe quittera sa retraite zuricoise samedi
vers 9h45 pour se soumettre à un dernier entraînement à Muttenz,
près de Bâle, en fin de matinée. Dimanche, après le petit-déjeuner,
ils seront libres de passer la journée en famille avant de se
retrouver en soirée à Zurich. Mardi, ils s'envoleront pour le
Luxembourg.
A Belgrade au mois de mars, la parfaite entente et l'abnégation
affichée par les demis axiaux Vogel et Fournier avaient été pour
beaucoup dans le demi-succès (1-1). En défenseur, la
complémentarité de Henchoz et Patrick Muller avaient été également
fort appréciée. En dépit des références de Sforza et Murat Yakin,
le coach hésitera à modifier ses lignes arrières. En revanche, tout
reste ouvert en attaque.
Voici l'équipe probable :
Marco Pascolo (FC Zurich); Marc Zellweger (FC Saint-Gall),
Stéphane Henchoz (Liverpool FC), Patrick Muller (Olympique
Lyonnais), Yvan Quentin (FC Zurich); David Sesa (Napoli), Johann
Vogel (PSV Eindhoven), Sébastien Fournier (FC Servette), Alexandre
Comisetti (FC Servette); Alex Frei (FC Servette), Stéphane
Chapuisat (Grasshopper).
Yougoslavie: Kralj (Eindhoven); Djukic (Valence); Mirkovic
(Fenerbahce)/Obradovic (Lokomotive Moscou), Djorovic (La Corogne);
Lazetic (Fenerbahce), Stankovic (Lazio)/Djordjevic (Olympiakos Le
Pirée), Jokanovic (Chelsea), Dmitrovic (AK Graz)/Tomic (Rome);
Milosevic (Parme), Mijatovic (Fiorentina), Kezman (Eindhoven).
Arbitre: Colombo (Fr).
(sda)